LA GRÈVE DES ENSEIGNANTS DANS L’ÉTAT D’ESPIRITO SANTO : QUELQUES LIGNES
Depuis une
semaine, les salles de classe de la quasi-totalité des écoles à responsabilité
de l’État d’Espírito Santo, au Brésil, sont
vides. Pas d’élèves. Pas de professeurs ! Résultat d’une grève générale
qui s’est étendue aux quatre coins de l’État. La liste de revendications est
longue, mais la précarité des établissements scolaires et les bas salaires touchés
pas les enseignants y sont en tête. Il évident que l’éducation au Brésil n’a
jamais été dans l’ordre du jour des gouvernements, mais la situation est
devenue insuportable, surtout cette année.
Tout le monde
est au courant du fait que le Brésil va accueillir la coupe du monde de football
cette année (en minuscule même, car je n’accorde aucune importance à cet
évènement), et tout le monde le sait également que des milliards d’argent public
sont dépensés (voire gaspillés) dans la construction des stades (connus aussi comme
des éléphants blancs) qui seront l’arène d’importants matchs de
foot pendant la coupe, mais complètement laissés au vent après cet évènement (ou
vous croyez qu’à Manaus, un des sièges de la coupe, au milieu de la Forêt
Amazonienne, il y aura du public capable de remplir cet « éléphant » pendant
les matchs des championnats régionaux?) Et si on pense à l’argent public nécessaire pour
l’entretien de ces stades après la coupe, les choses compliquent encore plus !
Dans ce sens, je ne doute pas qu’ils seront vite oubliés et qu’ils deviendront
des monuments historiques où on n’y va que pour les photos montrant le mûrs qui
tombent, ou les façades sans couleur, résistant bravement à l’action du temps !
Bref,
revenons au sujet principal : la grève dans mon État. La pression de la
part du gouvernement est grande : cette année il y aura lieu les élections
- président, sénateurs, députés et gouverneurs d’état, tous en quête de votes, ne pouvant voir leur
image associée à l’incompétence administrative, bien au contraire, ils inondent
les médias de publicité mettant en relief leur bon travail pendant le
gouvernement : les dizaines d’hôpitaux construits ou reformés, les centaines
de nouvelles écoles modernes et bien équipées, les investissements dans la
sécurité et un tas d’autres bla, bla, bla... Ce qui n’est pas tout à fait faux,
il devrait y avoir un bout de sincérité : il y a de nouveaux hôpitaux, de
nouvelles écoles, et les investissements sont réels, mais tout juste assez pour
qu’il y ait de quoi parler à la télévision, au journaux. Il s’agit là tout
simplement d’une stratégie que l’on appelle ici « obras de fachada »,
c’est-à-dire des constructions situées près de grandes avenues, ou de quartiers
d’élites fonctionnant comme la preuve d’un travail administratif bien mené. Or,
si on prend le temps de visiter un quartier à quelques kilomètres de grands
centres, on constatera que les pouvoirs publics l’ignorent complètement, et
pourtant on est dans la même ville ! Sur la même île...
Enfin,
malgrè toutes les pressions et les tentatives de désarticuler le mouvement de
grève, en menaçant ceux qui refusent de reprendre le travail et qui restent à
poing levé dans la bataille, la lutte continue, et ce n’est pas que pour des
salaires justes, c’est surtout pour une éducation publique de qualité et respectée, tout
en privilégiant sa base: les professeurs ! (MRM)
#GREVE
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